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Perméabilité

La forme longue et étroite de l'île accueillant le centre-ville d’Alesund en fait un grand défi d’aménagement. La route principale, traversant l’île d'est en ouest, passe directement au centre du projet. Cette route est très importante puisqu’elle constitue le seul lien routier rassemblant la ville à travers ses diverses îles. Elle est de capacité insuffisante pour soutenir l’ensemble du trafic qui lui est imposé année après année.

C’est ainsi que par le projet, la rue principale est dédoublée, créant plutôt deux sens uniques à l’inverse l’un de l’autre. Cette stratégie permet de mieux distribuer la circulation et de désengorger le centre-ville d’une partie de son trafic. Elle améliore ainsi la perméabilité du tissu puisqu’elle offre plus de choix à l’utilisateur. Elle s’intègre aussi mieux à la ville existante par son gabarit étroit, respectant l’échelle du centre historique.

Selon la définition de Bentley, aucune ségrégation des voies n’est visible dans le projet. Ceci constituait d’ailleurs un des buts premiers du projet, le centre étant actuellement peu adaptés aux piétons et aux cyclistes. Des promenades longeant les plans d’eau principaux, soit la mer, d’est en ouest, ou le détroit de Brosundet, du nord au sud, sont prévues afin d’offrir aux piétons un sentier sécurisé leur permettant d’admirer la beauté du paysage. La stratégie est de concentrer le flux de piétons sous les ponts du Brosundet, et ainsi libérer le dessus pour les automobiles et les bus touristiques en saison. De part et d’autre du centre-ville, un parcours piéton relie les places publiques importantes. Les piétons et les cyclistes peuvent aussi utiliser sécuritairement le système de rues prévu pour les automobiles, grâce aux trottoirs et aux pistes cyclables disponibles.

Le projet se raccorde bien au réseau viaire existant. Les dix connections existantes avec la rue principale sont conservées, le projet se raccordant simplement aux voies existantes. Elle joue maintenant le rôle d’une collectrice plutôt que d’un boulevard où la circulation est rapide.

Les îlots sont de grandeur similaire à ceux du bâti historique existant, soit de moins de 100m, ce qui, selon Bentley, aide à favoriser une plus grande variété de parcours. Le centre-ville d’Ålesund est relativement compact et présente des distances de marche assez courtes, soit de moins de 400m. Les nouvelles rues en direction nord-sud ont été pensées de façon à toujours libérer la vue vers le waterfront, par l’implantation des voies en tant que telles, mais aussi du bâti qui les encadre. Ceci, en plus des «chambres d’eau» et des promenades piétonnes, permet la perméabilité visuelle à travers le projet.

© JAJA ARCHITECTS. Planbeskrivelse Ålesund sentrale sørside

Mixité

Une bonne mixité dans un projet urbain est la deuxième clé du succès selon Bentley. Elle est définie par l’intégration à la ville ou à un secteur donné d’un large choix d’activités répondant à une clientèle variée.

Dans le projet Sundbyen, la mixité d’usage est indéniablement atteinte, tant de façon horizontale que verticale. L’essence du projet est entre autres d’implanter un secteur résidentiel au centre-ville, tout en permettant à ce dernier d’avoir la capacité économique pour accueillir les vagues de touristes arrivant avec les bateaux de croisières. Le projet propose une grande quantité de logements, des commerces, des espaces à bureau et des bâtiments institutionnels et culturels, comme la mairie, l’école et le musée, le tout distribué dans un rayon de marche de 400m. Cette mixité est aussi présente verticalement, à l’intérieur de chacun des bâtiments. Afin de bien répondre à l’industrie du tourisme et aux besoins des résidents, les fonctions commerciales sont placées au rez-de-chaussée, tandis que l’habitation se trouve aux niveaux supérieurs. Les places publiques dans la ville offrent aussi une panoplie d’usages de par leur proximité à l’eau et les escaliers en permettant l’accès.

La mixité d’usage entraîne inévitablement une mixité sociale. D’abord, entre les touristes et les résidents qui se croisent dans les «chambres d’eau», où les jeunes et moins jeunes se retrouvent pour pratiquer une variété d’activités comme la baignade, le kayak, ou le flânage au soleil. Le secteur résidentiel au centre du projet, lui, offre des logements pour différents budgets, dont des logements à prix modique pour les étudiants. Cependant, aucun logement social n’a été prévu dans le projet.

La mixité des fonctions doit aussi être pensée en fonction de l’horaire de la journée. Pour qu’un lieu soit utilisé de jour comme de soir, il doit y avoir un amalgame d’usages primaires, tels que les écoles, les bureaux et l’habitation qui permettent un dynamisme de jour, et d’usages secondaires, comme les restaurants et les cinémas, plus animés le soir. La présence de la cantine scolaire créé une forte mixité à l’heure du dîner, faisant cohabiter les étudiants, les travailleurs et les touristes.

La théorie des aimants de Bentley s’applique de façon irréprochable dans le projet de JaJa. Les deux pôles de la mairie et du port culturel sont reliés entre eux par une rue piétonne commerciale. Les rues piétonnes encouragent une démarche plus lente et permet aux passants de regarder les vitrines des commerces, ce qui encourage du même coup l’économie de la ville. La localisation de commerce à ces endroits devient stratégique, et s’appuie sur leur caractère attractif très fort et sur le va-et-vient constant des piétons suivant l’axe.

© JAJA ARCHITECTS. Planbeskrivelse Ålesund sentrale sørside

Source: JAJA ARCHITECTS. Planbeskrivelse Ålesund sentrale sørside

Robustesse

La robustesse peut être définie par la capacité d’adaptation d’un lieu à son contexte; la flexibilité que peut avoir un espace dans la ville à court ou à long terme.

La ville d’Ålesund doit s’adapter six mois par année à une augmentation drastique de population causée par l’arrivée des bateaux de croisière, transportant jusqu’à 1000 touristes chacun. Pour répondre à cette problématique, le projet propose des zones flexibles à petite échelle qui s’ajustent selon la période de l’année et l’affluence. Par exemple, le stationnement sur rue est permis dans la ville. Par contre, lors de l’arrivée de bateaux de croisière, il devient interdit aux résidents d’un secteur spécifique de s’y stationner, afin que l’espace soit réservé aux autobus. La ville doit cependant demeurer fonctionnelle pour les résidents en toutes circonstances. Les trajets d’autobus sont donc eux aussi flexibles, s’adaptant de façon saisonnière aux besoins des utilisateurs. Une situation semblable se produit en face de l’école, où un arrêt d’autobus est prévu pour la période touristique, pouvant aussi être utilisé comme quai de livraison ou comme débarcadère des élèves. Ces détails de conception font preuve de robustesse et permettent à la ville de s’adapter aisément et rapidement à ses deux états.

Le petit gabarit des bâtiments est choisi pour qu’il s’intègre mieux au tissu existant, mais aussi afin de tenir compte des facteurs climatiques rigoureux et faciliter l’ensoleillement. L’implantation des bâtiments encadrant les «chambres d’eau» a spécialement été prévue de sorte qu’il se crée un micro-climat aux alentours du bassin. La place publique est protégée des vents dominants du sud-ouest et bénéficie d’un bon ensoleillement, permettant d’offrir un confort optimal aux utilisateurs. De plus, la construction de la jetée de 80 mètres permet de faire accoster les immenses bateaux de croisière plus loin de la zone bâtie et d’ainsi dégager le port culturel des ombres indésirables formées par les bateaux en matinée.

Lisibilité

La lisibilité est la compréhension de la ville dans sa forme physique et ses lieux d’activités.  Placée entre le centre existant et la mer, la zone de projet se distingue assez facilement par elle-même, en raison de ses formes architecturales harmonisées. Le gabarit et la hauteur des nouveaux bâtiments ont été guidé par la forme du bâti existant afin de limiter le contraste entre l’ancien et le nouveau. Cela dit, aucun des nouveaux bâtiments n’agit comme point de repère ou ne se démarque clairement du secteur du projet. Le projet ne possède pas de bâtiments présentant une séquence visuelle distincte, ce qui n’est pas optimal pour une bonne compréhension de la ville selon la théorie de Bentley.

À l’ouest, le secteur de l’école et du port culturel crée une ambiance plus intime en présentant un maillage fin, protégé de la voie publique. Vers l’est, le secteur bordant la mairie est plus public, la fonction institutionnelle des bâtiments étant perceptible par l’interface qu’ils ont avec la voie publique et leur gabarit plus grand. L’encadrement bâti des rues intérieures du projet guide l’utilisateur dans ses déplacements en posant des limites claires. Du côté des promenades piétonnes le long du waterfront, le bâti est plus ouvert et relâché, et fait l’effet inverse.

Au coeur du tissu dense, la place de la mairie agit en tant que hall d’entrée de la ville, surtout pour les touristes arrivant de la mer. Elle constitue donc un noeud majeur du centre-ville. La «chambre d’eau» du port de la culture agit aussi en tant que structure urbaine distincte aidant à la compréhension de la ville.

© JAJA ARCHITECTS. Planbeskrivelse Ålesund sentrale sørside

© JAJA ARCHITECTS. Planbeskrivelse Ålesund sentrale sørside

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